jeudi 25 juin 2009

Tassadit Ait Ali

Tassadit Ait Ali

Hammouche Tassadit Née Amara, femme de Arab Ait Hammouche.


Une véritable sage femme

et un très bon pédiatre.


Les gens qui l'avaient côtoyés disent que c'était une grande dame, une vraie maîtresse de maison


Elle était née au début siècle dernier. Très tôt elle s'intéressait à la détresse des gens, particulièrement les malades et les femmes enceintes. A l'époque, les femmes et les hommes aussi, souffraient en silence. Il n'existait pas de médecins, ni de pharmacies dans la région, encore moins de sage femme ou de structures pour accueillir les femmes enceintes. Il faudrait se déplacer à Azazga distant d'une trentaine de kilomètres, à dos de mulet, ce qui n'était pas aisé pour un malade. Quand à la femme enceinte il ne faut même pas y penser. Le médecin d'Azazga ne se déplaçait pas pour n'importe qui, car il faut le ramener à dos de mulet et ses honoraires n'étaient pas à la portée de tous.

L'assistance aux femmes en couche était assurée tant bien que mal, par Tawachir, femme de Hadj Mohand Said. A sa disparition, le travail sera repris par Tassadit Ait Ali et un peu plus tard et dans une moindre mesure par Wardia Lhadj Boudjemaâ, femme Tahar Oulhadj.

On peut avancer, sans se tromper, que tout ceux qui étaient nés, au village et dans la plupart des villages environnants, peu avant les années cinquante jusqu'à l'année 1968 ou elle était décédée, lui doivent la vie. Elle nous avait tous, coupé le cordon ombilical.

Il faut savoir que quand il y a une complication lors d'un l'accouchement, la femme risquait impérativement, avec son enfant, de passer. Mais avec Nana Tassadit rien à craindre, elle sait s'y prendre. Aucun accouchement ne la rebute. Elle arrivait toujours à s'en sortir avec brio. Le problème venait après, par manque de prise en charge médicale ou alimentaire de la malade. C'est surtout toutes les infections et les épidémies qui guettaient les nourrissants et leurs mères. Ils mouraient rarement à la naissance mais bien plus tard, faute de vaccins et de soins. Rares sont les femmes qui sauvegardaient toute leur progéniture, elles perdaient toujours un ou plusieurs enfants avant l'adolescence.


D'ailleurs le village réservait un coin du cimetière aux enfants. Ils en mouraient autant qu'ils en restaient en vie. Mais depuis une trentaine d'années, il n'y a presque plus d'enfants qui décèdent à telle point que ce petit coin des enfants est utilisé, maintenant que le cimetière est plein, pour les adultes.

Les Ait Hammouche et particulièrement la Famille de Nana Tassadit était très aisée et ne manquait de rien, malgré l'état d'indigence qui caractérisait la société à l'époque, il y'avait eu les guerres, la famine et les épidémies. Peu de gens mangeaient à la fin.

Très généreuse, elle n'attendant rein en contrepartie de son travail, elle était désintéressée et charitable. Au retour chez elle, après avoir accomplit son devoir et suivant l'état du dénouement de la famille, elle n'hésitait pas à envoyer quelques nourritures et quelques fragments de tissu pour soulager un tant soit peu les nécessiteux.


Elle ne laissait jamais, l'enfant et la maman, livrer à leur sort. Elle continuait, bien entendu, à les suivre régulièrement et à prodiguer des conseils pour les nouvelles mamans. Elle revenait très souvent emmailloter et « huiler » les nourrissants.

Anecdotes :

Une foi on avait ramené un médecin français d'Azazaga, pour un accouchement très délicat. Voyant qu'il ne pouvait rien faire dans l'immédiat, ni attendre très longtemps car il devait rentrer chez lui, il avait recommandé de laisser la malade tranquille jusqu'à son retour dans quelques jours. A son retour il trouva la malade et son enfant hors de danger. Nana Tassadit était passée par là, il n'en croyait pas ses yeux. Quand il avait su ce qui s'était réellement passé, il était très étonné et émerveillé par ses prouesses, il voulait à tout pris l'emmener avec lui travailler dans son cabinet à Azazga. Mais peine perdu, une bonne musulmane ne travaille pas pour les impies, Iroumyen, encore moins loin de chez elle.

Très affectée par la perte brutale de sa fille aînée, Tassadit elle aussi, décédée suite à un longue maladie et dans des conditions atroces. Elle ne pouvait pas s'en remettre et l'a rejointe moins d'un mois après.

Abdennour.

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Contribution Smail sadaoui

Contribution Smail Sadaoui
Suite à l'hommage rendu à Khalti Tassadit, (Mme Hammouche Arab Née AMARA Tassadit)
Je voudrais par ce complément apporter cette modeste contribution.
J'ai bien connu cette grande dame, elle était la sœur ainée à ma grand- mère Setti Melkheir, C'était une femme noble, sociale, de bon cœur et passionnée par le bien.
Dans ma jeunesse, j'y allais souvent chez elle, Elle recevait tous les gens avec amabilité, le sourire, toujours de bonne humeur, Aucun ne sortait de sa maison sans y être invite à prendre le café, du lait et des figues sèches.
C'était une femme très généreuse, qui passait l'invité avant ses propres enfants, ou belles-filles, C'était une femme de parole, indulgente, clémente et courageuse, La charité était son dada, et elle le faisait avec discrétion et humilité.
À sa manière elle passait dans les maisons des nécessiteux et remettait des présents sans que quiconque ne s'aperçoive, Dans son jeune âge, et avec ses sœurs et sa mère, elles étaient les premières du village à avoir vécu en ville à EL Kseur dans la wilaya de Béjaia vers 1905.
Son père AMARA Ouahand était garde champêtre dans cette ville, et y vivait avec sa famille à EL KSEUR.
Elle n'avait regagné le village qu'après l'âge de 12 ans. Son père comme les autres hommes de l'époque trouvait incorrect d'inscrire les filles à l'école
Elle était accoucheuse rurale (lquibla). D'après les ouï-dire, elle tient cette noble charge de TAWACHIRT (une autre grande dame), Dans un premier temps elle seconda cette dernière. Puis avec l'âge de TAWACHIRT, elle a eu à intervenir seule dès 1949.
Tout le monde évoque avec respect les qualités de son occupation (métier) empreintes d'un savoir faire incomparable. Sa réputation a largement dépassé les limites des villages de la commune. Sa bonté n'a pas d'égale. Lorsqu'elle est appelé a un accouchement, généralement à la fin, après la naissance du nouveau né, on l'a gratifie d'un morceau de viande. Figurez-vous, elle ne le mange jamais (pourtant une denrée très rare à l'époque). Elle ne ramène jamais son morceau de viande chez elle à la maison. Elle le destine toujours au premier qu'elle rencontre sur son chemin de retour chez elle.
Un autre fait marquant à son honneur
Durant la guerre d'indépendance SADAOUI MOHAND AMEZIANE vivant alors à ORAN avait été expulsé de cette ville en pleine guerre par les forces coloniales françaises pour activités militantes et subversives. Arrivé au village avec sa nombreuse famille, sa maison se trouvant dans la limite de la zone interdite n'a pas ou aller. Au préalable celui-ci était précède de son dossier au camp militaire et au chef de la SAS .instructions étaient données de le surveiller de prés, considéré comme élément dangereux. SADAOUI MOHAND AMEZIANE était fui de tous, par la peur des militaires français. Même des siens de sa famille au village n'ont pas réagi à sa détresse. Khalti TASSADIT d'un geste d'une qualité morale sans égale, et avec un courrage qui n'a pas d'exemple l'invita chez elle avec tous ses enfants. Il y passa chez elle des mois nourri et loge avec sa nombreuse famille
A la fin de sa vie, souffrante de la vésicule biliaire ; et sachant qu'elle allait être opérée. Elle a tenue avant son hospitalisation à se rendre à Sétif, rendre visite à sa sœur Melkheir pour un rituel pardon réciproque. Aussi lors de son départ du village vers Alger aux fins d 'hospitalisation, et sachant son heure arrivée ; elle embrassa tout le monde sur son passage, non sans oublier de demander pardon à tous. Les gens la réconfortaient, lui souhaitaient un prompt rétablissement ; mais elle répondait toujours qu'elle n'y reviendrait pas.
Effectivement à la fin de l'opération, bien que réussie, son cœur a lâché. Dans la soirée après son enterrement au crépuscule, nombreux sont ceux qui ont constate de visu des essaims d'oiseaux survolant à plusieurs reprises sa tombe. Ce ne serait surement que des anges qui l'accueillirent dans le vaste paradis.
repose en paix Khalti Tassadit. Tu as marque ton village par ton amabilité et ta gentillesse. Tu es dans nos cœur et nos esprits, personne ne peux t'oublier.
Smail

mardi 23 juin 2009

Hadj Mokrane Ait Ougawa

Azouaou Ahmed (Hadj Mokrane Ath Ougawa)

Sa vie

Il est né le 3 juillet 1913 à Ait Saïd (douar Ath Idjeur)

Fils de Arezki ben Mohand et de BOUBAKOUR Fatma bent Boudjemaa

Il est père de 7 enfants (4 garçons et 3 filles), marié à SADAOUI Djedjiga bent Arab ATH ALIOUSSAID, elle-même l'aînée de 9 enfants

Il est le seul garçon (mâle) de l'Hara Ath Ougawa, vivant en communauté avec les familles de son oncle Hadj IDIR (QDASA) et de son cousin Mohand Ameziane. Toute l'attention sera portée sur lui, notamment par son oncle.


Volontaire à souhait, il était toujours disponible pour les travaux des champs, de construction, et d'alimentation de Tahoua (moulin à blé) à Ibouyisfen, en mazout à dos de mulet à partir d'Azazga. Pour l'anecdote ; il ne montait jamais une bête chargée.

Son cursus scolaire

Il fit ses études à l'école de Tslatha (Ath Ikhlef), distante du village de quelques 3 kilomètres qu'il parcourait à pieds tous les jours, et en toutes saisons.

Il obtient avec brio le certificat d'études primaires élémentaires à Larbaa N'ait Irathen ‘(Fort National) le centre de l'examen, en compagnie deSi Mohand Oulhadj (colonel Akli Mohand Oulhadj) et de Saïd Ath Kejou.

Après son certificat d'études, son père voulait lui acheter un troupeau de chèvres et des brebis et d'en faire un fellah.

Son oncle Hadj IDIR jura d'en faire un lettré (âalem). Il décida contre l'avis de son père de lui octroyer une bourse d'études au Collège des Cours Complémentaires deTizi-Ouzou.

De ses études à Tizi-Ouzou, il obtient coup sur coup le brevet d'enseignement primaire supérieur en 1932, puis le brevet élémentaire en 1933

A Tizi-Ouzou, il a partagé, pendant 3 ans, la chambre d'internat avec le futur et célèbre écrivain Mouloud FERRAOUN.

Par ailleurs, avant de bénéficier de la chambre d'internat, et pendant 4 mois, il rentrait chaque jour au village.

Il faisait tous les jours Assif- Ousserdoune - Tizi-Ouzou et retour à vélo. (vélo de course). La route goudronnée s'arrêtant à cette époque à Assif Ousserdoune

Il laissait son vélo à Assif Ousserdoune dans un garage d'un ami à son oncle, pour continuer ensuite jusqu'au village à pieds, passer la nuit et retourner le lendemain. (Sacrée volonté, courage et vaillance)

Par la suite son oncle l'emmena à Sétif, ou il l'inscrit au collège colonial (futur lycée Albertini, puis Kérouani).

Son parcours militaire

Il est incorporé au service militaire du 23 octobre 1934 jusqu ‘au 16 octobre 1935, ou il obtient le grade de caporal de 2éme classe

Il fit son service respectivement à Blida puis à Médéa, avec le 1er régiment de tirailleurs Algériens

Au déclenchement de la seconde guerre mondiale, il est rappelé dans les services axillaires de l'armée du 29 septembre 1939 au 28 Août 1940.



Son parcours professionnel

Après son mariage, il dut entrer de plein pied dans la vie active, pour aider sa famille vivant en communauté.

Il se rend en France en 1936, ou il débuta comme facteur aux PTT de Paris, dont il connaissait les rues par cœur. Condition sine qua none pour y être recruté. Les poussières des sacs de courrier lui étant nocives, il quitta la poste pour les chemins de fer français (SNCF), ou il fit ses début en 1937 , à la naissance de son premier enfant (Mohand Arezki) décédé par la suite.

Travailleur acharné, il voulait faire carrière dans la société. Mais des ennuis de santé l'obligent à demander une mutation en Algérie.

Un échange de courrier dans la revue de l'entreprise « la vie du rail », lui a permis de dénicher un collègue voulant réintégrer la métropole et la permutation se fit. Il est affecté au dépôt de Perrégaux (actuellement Mohammedia) dans l'Oranie, ou il resta jusqu'à 1940. Il est muté par la suite à Alger en 1942, puis il sera nommé à Sétif et en rester jusqu' en 1963.

En dépit de ses compétences avérées, il ne progressa guère durant sa carrière (les français ne gobant pas les indigènes) jusqu'à sa mutation en octobre 1963 vers la direction générale des chemins de fer Algériens, ou, il exerça jusqu'à Août 1968.

Il fut admis à la retraite avec le grade de chef du bureau de 1ère classe, échelle 16 (classé au rang de cadre supérieur).

Sa modestie le conduit à refuser une promotion alléchante, Le directeur général lui avait proposé un poste supérieur, occupé par son responsable hiérarchique M. Louis CHABRIER, moyennant le limogeage de ce dernier. La réponse sèche fuse « CHABRIER est plus Algérien que moi et beaucoup d'autres, vu les services qu'il a rendu à la SNCFA. (Société Nationale des Chemins de Fer Algériens). Si vous le démettez, faites en de même avec moi, et fermer le service. Un autre n'aurait pas raté l'occasion d'accéder au poste.

A la retraite, le directeur général le nomme chef de bureau honoraire, pour les services rendus à la Société Nationale des Chemins de Fer Algériens.

De sa vie

Musulman résolu. Dès son jeune âge, il vouait à son culte une large disponibilité.

Un fait marquant mérite d'être rappelé : Du temps où il exerçait à Montargis en France, il ne ratait, en aucune manière, la prière du vendredi à la grande mosquée de Paris. Ville distante de 160 km, qu'il faisait chaque semaine sans avoir même à boire l'eau de cette dernière (Paris)

Il accomplit son pèlerinage en février 1971 en compagnie de hadj Ali MOKHTARI (Ali Oulmokhstar)

Il reflète le parfait musulman mesurant ses paroles, n'écoutant que sa conscience, et ne s'occupant de rien de ce que disent les gens autour de lui. Sa loyauté et sa modestie n'ont pas d'égal. C'était une encyclopédie vivante, dotée d'une mémoire d'éléphant

Il s'intéressait notamment à :

  • la politique étrangère notamment.
  • les sports, en particulier la boxe, le tour de France cycliste et le football. Il ne ratait point les grandes confrontations, même si elles se déroulent durant des heures tardives.

C'était un marcheur invétéré, car il effectuait souvent le trajet Ighzer Amokrane -Ait Saïd et retour à pied, à travers le mont « Chréa » et cela une bonne partie de sa vie. La dernière le fut en 1968 à l'âge de 55 ans.

Il était infatigable, toujours prêt à rendre service, pourvu qu'on le lui demande. Il a toujours fait passer les intérêts des autres, avant les siens. Il se privait pour venir en aide aux nécessiteux.

Il jouit à Sétif et à Alger notamment, d'une grande notoriété de la part de tous ses voisins et ses collègues de travail. Par ses actes de bravoure et de bon musulman, tous les gens à Sétif nous vouent à ce jour un grand respect, et c'est là le meilleur investissement.


Sa femme Sadaoui Djedjiga

Il décéda malheureusement un certain samedi 17 avril 1993 à l'hôpital Mustapha à Alger, des suites d'une réplique d'un infarctus du myocarde à l'âge de 80 ans. Il est enterré le 19 avril 1993 à Ait Saïd, comme il a tenu à le faire savoir à sa manière en disant ceci :

« J'ai rêvé avoir dit à un Sétifien : je jure par dieu que je n'échangerai pas un gravillon de mon village contre tout Sétif. »

Ceci veut tout dire

Que son âme repose en paix auprès de ses parents, sur le monticule d'Ahmam Taourirt, ou sont également enterrés ses parents, proches et amis qu'il a côtoyés durant sa vie.

vendredi 19 juin 2009

Ferhat Ait Lhadj


Ferhat Ait Lhadj. (Sadaoui Ferhat)

Dadda Ferhat était né le 12 avril 1930. Quatrième garçon d’une famille qui en comptait 06.

La famille de Hadj Mohand Said, son père, était très nombreuse, il avait, en effet, 06 garçons et 06 filles. Tous mariés, avaient des enfants et vivaient tous sous un même toit.

Quelques uns de ses enfants avaient émigrés en France, le reste vivotait au village. On s’occupait principalement des travaux des champs et du pacage des bêtes, ces activités ne sont ni gratifiantes ni fructueuses. Dadda El Hadj arrivait difficilement à nourrir tout son monde, d’autant plus que ses filles, quoique mariées elles aussi, passaient le plus clair de leurs temps, avec leurs enfants pour la plupart, chez lui, beaucoup de bouches à nourrir, sans compter les invités et les étrangers de passages, en cette période de disette.

Le peu de terrains ingrats que possédait la famille n’arrivait pas toujours à donner de bons rendements. On possédait un grand troupeau de mouton et de chèvres, mais cela reste insuffisant pour entretenir une aussi grande famille.

Ferhat était conscient de tout cela et savait que son père très vieux, en faisait face difficilement. Il n’existe aucun travail rémunérateur dans la région. Il n’y avait que l’émigration pour ceux qui ont les moyens de partir.

Il avait, donc, ouvert une épicerie au village. Avec ce qu’il gagnait il commençait à améliorer un peu leur quotidien, à relevé le niveau de vie de sa famille.

Jusqu ‘au jour ou il a été contacté par le premier noyau de la révolution Mohand Said Ait Messaoud d’Ibouyisfen, l’un des premiers maquisards de la région. A l’époque les membres du groupe se comptaient sur les doigts d’une seule main.

Il s’était lancé corps et âme dans l’aventure. Premier militant du village a avoir rejoint le FLN dés sa création au sein de la région.

A l’image de feu Colonel Mohand Oulhadj qui avait abandonné un commerce florissant, le seul dans la région, et a rejoint le maquis avec ses trois enfants. Ferhat, aussi, avait abandonné son épicerie du village, commerce pourtant prospère, le seul d’ailleurs dans le village.

Il a rejoint très tôt le maquis, suivi plus tard par ses frères et plusieurs cousins.

Ne pouvant allier les activités du mouvement et son commerce, il a vite opter pour la politique et a bondonné le commerce. Avec l’évolution du mouvement de libération nationale, il avait été affecté loin de notre région.

Au cours de cette aventure, il était très admiré, principalement par les jeunes du village. Quelques uns voulaient le rejoindre. Il faut savoir qu’à l’époque, pour rejoindre les rangs de l’organisation, NIDHAM comme on disait, il fallait gagner son arme sur le dos des soldats français, ou être recherché pour un délit très grave, passible de prison.

Quelques témoignages:

Il été très affecté par la perte cruelle de son petit cousin (Mohand Ouali, frère de Khaled). Abattu par l’armée coloniale à l’âge de 17 ans.

En effet ce jeune fougueux, exalté, passionné par les activités de son aîné, qu’il adorait et admirait très fort et qu’il voulait rejoindre à tout prix. Ferhat s’était senti responsable de sa mort.

Mohand Ouali a été arrêté avec tous les hommes du village (adolescents et vieillards), suite à une attaque des moudjahidine, d’un convoi militaire à Oukhlil. (Voir témoignage de Mr Claude GrosJaques, officier de la SAS de l’époque à Bouzguène). Tous ont été déportés au camp militaire des Ait Aicha dans la commune d’Idjeur actuelle.

Il s’enfuira de ce camp en emportant avec lui un fusil mitrailleur, qu’il pouvait à peine porter sur ses épaules. Les militaires, en représailles, étaient venus au village incendié leur maison, avec tous les effets personnels de sa famille, sa mère, sa sœur et son très jeune frère étaient jetés à la rue, heureusement recueillis par des parents.

Il rejoignit donc les rangs des moudjahidines avec son arme, affecté dans un groupe, en attendant de l’envoyer à Tunis, pour faire des études, il activait jusqu’au jour ou il tomba dans un embuscade et abattu. Au lieu dit ou une stèle a été érigée en son honneur par sa famille l’été 2006.

Quand Ferhat a appris la nouvelle, fou de rage, ne pouvant contenir sa douleur, il a failli manquer à ses devoirs militaires. Il avait eu quelques démêlés avec sa hiérarchie. Grâce à sa vaillance et à sa bravoure, il avait repris, très vite, du galon.

Il y avait aussi son cousin Lakhdar, lui aussi abattu avec ses compagnons dans une casemate, celle-ci avait était aménagée, suite à la découverte du refuge du village qui avait servi de PC de la Wilaya III historique pendant la sinistre opération jumelles (Voir témoignage de Mr Salah Mekacher). Les militaires ayant cernait l’abri, donné ordre de sortir les mains sur la tête, Lakhdar et ses compagnons ne voulaient pas se rendre, les soldats ont jeté alors une grenade à l’intérieur qui les a déchiquetés, a lieu dit Wekhlil. Une stèle est érigée à cet endroit qu’on peut apercevoir de la route d’Azaghar.

Quant à son neveu Mahmoud, lui et trois jeunes du village, ont été assassiné par l’armée coloniale et jeté au font d’un puits ou ils reposent encore aujourd’hui. Ces jeunes aussi ont été pris au village suite à une dénonciation, emmenés au camp militaire, la terrible SAS de Bouzguène, après plusieurs jours de torture, ne pouvant rien tirer de leur aveu, ils étaient tous abattus et jetés au fond d’un puits

Ferhat aussi, quelques temps après, tomba au champ d’honneur. Son lieu d’affectation était à Mizrana du coté de Tigzizt, en venant en permission, pour revoir sa famille, il tomba dans une embuscade tendue par l’armée, suite certainement, à une dénonciation, au lieu dit Azaghar à quelques encablures du village.

En tant que militaire de l’ALN, il était armé et en tenue officielle de notre armée de libération nationale, Les soldats l’avaient transporté sur un mulet, pour le déposer sur la place du village et on avait fait sortir tous les villageois pour l’identification. Tous faisaient semblant de ne pas le reconnaître et se sont abstenu de se manifester. La douleur et le chagrin étaient trop forts, sa famille avait éclaté en sanglots et les youyous (cris de joie lors des fêtes mais cris de douleur lors des épreuves) fusaient de partout. On pouvait difficilement ramener le calme.

Comment ne pas le reconnaître ! Il avait une excroissance sur la main, un sixième doigt, que portait, d’ailleurs aussi, son seul et unique fils, Djaffar, qu’on était obligé d’amputer pour évité que les soldats français ne le reconnaisse.

Avant de partir, les militaires lui ont rendu les honneurs. Contrairement aux Moussebline (hors la loi, comme ils disaient à l’époque), qu’ils laissaient sur place quand ils les abattaient, les militaires de l’ALN, ils les ramenaient avec eux et prenaient leurs armes et leurs tenues. Le chef militaire avait ordonné, donc, qu’on le déshabille pour qu’ils prennent sa tenue, le laissant ainsi nu sur la place du village. Ce qui était inadmissible et intolérable, on ne pouvait le permettre.

Ne voulant pas qu’on inflige une telle humiliation à ce grand homme, bravant tous les risques, un grand sage du village (Arab Ait Hend Ouamar) et un autre, lui servant d’interprète (Bessai ait Oubessai) ont défié le Chef militaire pour qu’il ne le déshabille pas et lui ont promis de restituer la tenue le lendemain, après l’enterrement.

Malheureusement pour eux, des personnes malveillantes avaient informé les Moudjahidine de la région, tout en déformant la réalité et les présentant comme des traîtres, ayant négocié avec l’ennemi. Quelques jours après, un groupe de moudjahidine (chargé des basses besognes) étaient venu les chercher pour, bien sur, qu’ils répondent de leurs actes. Il faut savoir qu’à l’époque tout contact avec les soldats français était interdit. De là à négocier avec eux….

Ils n’avaient du leur salut qu’aux résolutions du Congrès de la Soummam qui avait interdit les exécutions sommaires et que toute condamnation à la peine capitale (vous imaginez bien qu’on allait les liquidés) doit avoir l’aval du commandement de la Wilaya. Ils étaient traînés sans ménagement jusqu’au PC de la Wilaya, dans la forêt d’Akfadou. A leur arrivée on les avait présenté aux responsables suprêmes, que connaissaient Arab Ait Hend Ouamar (il avait lui-même deux enfants au maquis, Lahcène tombé au champ d’honneur et Ferhat) pour les avoir souvent côtoyé, entre autre le Commandant Mohand Oulhadj. Celui-ci en les voyant n’en revenait pas, il avait réprimandé les responsables de cette ignominie.

Il leur avait ordonné de les ramener chez eux à dos de mulets et si par malheur il leur arriverait quoique ça soit, au cours de route, ils répondraient de leur vie.

Abdennour

La suite plus tard.

mercredi 17 juin 2009

Hommage Mokhtari Mohand Arezki

Mohand Arezki Ait Lmekhtsar (Mokhtai Mohand Arezki)



Un habile artisan

au savoir-faire illimité.

Il était né vers la fin du 19ième siècle, en 1881, décédé à la fin des années 50.

Un vrai génie, un grand artiste et un véritable artisan, il touchait à tout

Ses spécialités sont :

- La taille des pierres pour la construction des maisons.

- La confection des meules pour les moulins à grains et les huileries traditionnelles (grosses pierres qui broient l’olive ou le grain).

- La maçonnerie, le creusage et le fonçage des puits.

- La fabrique de tuiles traditionnelles.

Il faisait presque tout, il était connu surtout pour son ingéniosité et son savoir faire.

Etant né bien avant l’édification de l’Ecole d’Ait Ikhlef, pépinière de tous les grands hommes qu’avait connus notre région, il n’avait pas eu la chance d’étudier, ce qui lui aurait, certainement, permis d’avoir un autre destin. Tout ce qu’il faisait, il l’avait appris sur le tas.

Il n’y avait que deux villages du douar Idjeur a être favorisés, pour envoyer leurs enfants étudier dans cette école. Les Ait Ikhlef pour avoir donné le terrain ou était implantée l’école et le village Ait Said pour avoir donnait la main d’œuvre.

Il avait commencé très tôt à s’intéresser aux travaux de toute sorte.

Il s’était spécialisé, particulièrement, dans la casse et la taille de la pierre. Toute la pierre qui avait servi à la construction de la mosquée ainsi que la demeure du Cheikh et de l’ancienne salle de réunion a été cassée et taillée par Mohand Arezki et Amara Ait Mohand.

Il avait taillé aussi, presque toute la pierre qui avait servi à bâtir le village à l’époque.

Très en avance sur son temps, il était avide de la modernité. Pour se détendre, quand il travaillait, il avait acheté un phonographe (instrument qu’on chargeait manuellement, tourne disque actuel, à l’époque il n’y avait pas de piles,), il était le seul à en posséder dans toute la région. Ce qui faisait une bonne attraction surtout pour les enfants.

Il confectionnait surtout, les grosses meules pour les moulins à grains et les huileries. Ces grosses roues en pierres sont encore visibles aujourd’hui. Il les façonnait i tefreg en pleine montagne ( du coté d’Ighrayen), à une dizaine de km du village. Une fois finies, on faisait appel aux hommes valides de plusieurs villages pour aider à les charrier. On devait d’abords les faire grimper sur le sommet d’une colline et de là on les faisait rouler doucement jusqu’au village. Opération très délicate et très dangereuse, ce n’était pas une mince affaire.

Travail exclusivement masculin, mais les femmes se mettaient de la partie, elles assistaient à l’opération tout en se cachant. Elles épiaient les hommes, à la moindre faiblesse quand ils étaient extenués et menaçaient de tout lâcher, elles surgissaient précipitamment et commençaient à chanter et à crier des youyous, ce qui encourageaient les hommes inévitablement et faisait démultiplier leur force et leur ardeur. C’était la technique employée par Fadma Nsoumar, pour encourager les combattants durant la bataille de 1857 quand les soldats français avaient pris d’assaut la Kabylie. (Un véritable amazigh ne devait jamais montrer ses faiblesses devant une femme, encore moins s’enfuir devant un danger, c’était déshonorant).

Le village possédait deux moulins à grains (ces moulins étaient installés prés des rivières et étaient mus par la force des crues, d’hiver ou de printemps.). L’un est familial, (de la famille Ait Oubessai) et l’autre qui appartenait à tout le village mais on s’en servait à tour de rôle.

Presque chaque famille possédait, aussi, sa propre huilerie.

Il avait créé la première et seule fabrique de tuiles traditionnelles. Il avait confectionné un moule pour les façonner et un four pour les cuire. Il avait produit toute la tuile des maisons de tout le village et les environs. Il était aidé en cela par ses enfants et sa femme.

Anecdote :

On disait de Mohand Arezki, que c’était une forte tête qui n’aimait pas la hogra. A l’époque le village était constitué de plusieurs clans. Le principal était celui des notables, dont Mohand Arezki ne faisait pas partie.

Un jour où 05 maisons avaient été cambriolées (volées), l’assemblée générale du village s’était réunie aussitôt, on voulait faire jurer, sur le Coran, les gens pour qu’ils disent s’ils n’avaient rien vu ou s’ils n’étaient pas complices. Mohand Arezki, le jour du délit, n’était pas au village. Bien entendu les soupçons s’étaient portés sur lui. Comme c’était une tête brûlée et qu’il faisait toujours le contraire de ce que disaient, surtout, des notables du village, il n’avait pas voulu se prêter à leur jeu. Il avait refusé de jurer, pensant que ce n’était pas une bonne idée, car les voleurs et les complices n’allaient pas se trahir par cette méthode.

Devant son entêtement et le défi qu’il avait lancé au village, ce dernier avait pris la décision de l’excommunier. (Tout le monde redoutait l’excommunication à l’époque, elle consistait à bannir quelqu’un, à ne plus lui adresser la parole et s’il lui arrivait malheur personne ne doivait intervenir).

Mal leur en pris, car pour les narguer il baladait son phonographe sur une mule. Ce qui gênait considérablement la communauté, surtout lors des travaux des champs. On ne pouvait l’en empêcher puisqu’il n’en faisait plus partie. Après enquête, le village avait découvert qu’effectivement, Mohand Arezki, la nuit du vol, était allé rendre visite à un vénérable Mourabout du coté de Michelet. On s’était rendu compte, un peu tard, de la méprise et on a voulu le réconcilier mais lui n’en voulait pas.

Il a fallu l’intervention de l’Administrateur (Wali actuel, autorité suprême des indigènes de l’époque), de quelques notables et cheikhs des autres villages pour lui faire entendre raison et enfin être réhabilité dans tous ses droits.

A sa mort, son fils Hamiche, qui nous a quitté dernièrement, et qui était aussi un grand artisan, avait continuait son œuvre, il faisait de menus travaux du village. Et comme le travail était ingrat, non valorisant ni rémunérateur, l’émigration étant à la mode à l’époque, il avait tout quitté pour aller tenter sa chance, lui aussi, en France.

Dadda Hamiche, homme très pieu, presque le seul au village qui ne manque pas la prière du matin en toute saison, cultivé et humble, on ne lui connaissait aucun vice. Doux, généreux mais doté d’un humour exceptionnel pour un vieux, toujours souriant, c’est lui qui disait, en parlant de la mort, que Welah que je n’irais pas avec mes pieds (volontairement) au cimetière.

Affable, il était très gentil, quoique vieux on n’a aucune appréhension à l’approcher. On ne l’avait jamais vu s’emporté contre quelqu’un.

Abdennour

mercredi 10 juin 2009

le Football club d'Aït-Saïd


TOURNOI INTERNATIONAL
POUSSINS À BOUZEGUÈNE

Le OK de la FAF
Sollicitée en date du 27 mai par le Football club d'Aït-Saïd (FCA) pour l'organisation d'un tournoi de football catégorie poussins, la Fédération algérienne de footbal a donné son accord pour la tenue de cette manifestation sportive à Bouzeguène du 5 au 10 juillet 2009, dates retenues par les organisateurs. L'école de footbal d'Aït-Saïd doit, toutefois, avoir l'aval du wali de Tizi-Ouzou pour officialiser l'organisation de ce tournoi, comme précisé dans l'accord de la FAF qui a émis cette réserve. La Ligue de football de la wilaya de Tizi-Ouzou, par laquelle a transité cette demande, est disposée, selon un de ses membres, à aider dans l'organisation de ce tournoi, notamment pour ce qui est de la désignation des arbitres. Par cette initiative, l'école de football d'Aït-Saïd concrétise un à un les différents objectifs qu'elle s'est fixés à son avénement il y a à peine quelques années.
S. Hammoum

jeudi 4 juin 2009

Ali Ath Mohand


KACHER ALI

Ali Ath Mohand

-Un homme hors du commun

Un homme de foi

Un fidèle assidu

Un homme de cœur

Un engagement précoce


ALI ATH- MOHAND est à la fin du siècle dernier, vers 1895.

A Ait Said fils de Mohand Ouali et de Bessaih Djouhra

Très jeune, après quelques années d’études à l’école d’ait ikhlef, il se rend en France en quête de travail

Il trouve emploi comme docker à Marseille, ou vit une partie importante communauté du village

Appelé au service militaire durant la première guerre mondiale 1914-1918

Il vécu l’horreur des tranchés sur le front allemand ; d’ou il sort rescapé à Verdun

A la fin de la guerre, il est démobilisé avec le grade de caporal

Il reprend son travail et décide de s’y consacrer aux siens et à sa famille

Un homme pieux

Nourri aux valeurs d’humanisme puisées dans la piété qui l’habite.

Sa générosité n’a d’égale que sa ferveur, dont le dévouement aux autres est un exemple.

Il était toujours prêt à soutenir ceux qui sont dans le besoin, surtout les plus vulnérables

Il aimait la vie, il aimait les gens du village, il aimait l’humanité, et aimait la paix.

Il aimait répéter que tout ce qu’il y a sur terre, appartient à dieu et que ce que tous ceux attirés par les choses matérielles de ce bas monde doivent se ressaisir.

Ponctuel aux heures de prières, c’était un homme de foi, un homme de cœur, un croyant pur.

Aux gens du village partis en famille en ville ; il ne cessait de leur conseiller de ne pas oublier le village.

De ramener souvent leurs enfants, pour qu’ils s’imprègnent des valeurs de leurs aïeux.

N’a-t-il pas souvent grondé sa nièce Djedjiga Ath Ali oussaid , femme de hadj mokrane Azouaou (qui ne cesse de l’évoquer jusqu’à present) de trop séjourner en ville et d’oublier de revenir au village avec ses enfants.

Son dévouement aux autres est un exemple

Lors des travaux du village (volontariat à l’époque), il ramenait chaque fois des casses croûtes à tous les participants.

Malgré son age, il participait à toutes les taches, manière d’encourager les autres au travail.

Durant les années difficiles de la guerre, il se démenait pour que le village soit doté d’un imam pour officier les prières, et pour que la mosquée reste ouverte

Il payait de sa poche tous les frais y afférents

Il faisait chaque semaine l’entretien et le nettoyage général de la mosquée

Qui des jeunes de l’époque n’a pas reçu d’el caïd un argent de poche pour l’encourager à faire ses prières, et à assister d la mosquée à celle du vendredi.

Un syndicaliste du peuple

KACHER Ali était discret, il était une sorte de samaritain, de syndicaliste du peuple Particulièrement sensible à la misère des hommes

Durant la guerre d’indépendance, et à l’occupation du village par les militaires francais ; il avait bataillé dur pour panser les blessures, survivre au rationnement des vivres ; et soulager les cœurs meurtris

Il était toujours à l’avant-garde pour défendre les habitants du village des excès des militaires

Qui n’a pas vu à l’époque ALI ATH-MOHAND avec son courage s’adresser en terme furieux à l’adresse des militaires

« J’ai fait Verdun, je connais le règlement, je vous en prie, assez de vos dépassements »

Il avait une attention particulière pour les démunis

Celui qui manquait trouvait en lui le réconfort

Ne trouvait on pas chez lui des vieilles à qui manquait des allumettes pour faire du feu, se rendre en sa demeure pour en chercher

Au village et dans le douar, Ali Ath Mohand était le symbole de l’honnêteté, de la rigueur.

Humble et modeste, il est parti comme il a vécu, c'est-à-dire dans le silence et la simplicité. Décédé en 1980 suite à une longue maladie.

Il est parti dans la discrétion, non sans laisser une image indélébile qui illumine l’esprit des hommes qui l’ont connu


Smail Ath Ali Oussaid