Ferhat Ait Lhadj. (Sadaoui Ferhat)
Dadda Ferhat était né le
La famille de Hadj Mohand Said, son père, était très nombreuse, il avait, en effet, 06 garçons et 06 filles. Tous mariés, avaient des enfants et vivaient tous sous un même toit.
Quelques uns de ses enfants avaient émigrés en France, le reste vivotait au village. On s’occupait principalement des travaux des champs et du pacage des bêtes, ces activités ne sont ni gratifiantes ni fructueuses. Dadda El Hadj arrivait difficilement à nourrir tout son monde, d’autant plus que ses filles, quoique mariées elles aussi, passaient le plus clair de leurs temps, avec leurs enfants pour la plupart, chez lui, beaucoup de bouches à nourrir, sans compter les invités et les étrangers de passages, en cette période de disette.
Le peu de terrains ingrats que possédait la famille n’arrivait pas toujours à donner de bons rendements. On possédait un grand troupeau de mouton et de chèvres, mais cela reste insuffisant pour entretenir une aussi grande famille.
Ferhat était conscient de tout cela et savait que son père très vieux, en faisait face difficilement. Il n’existe aucun travail rémunérateur dans la région. Il n’y avait que l’émigration pour ceux qui ont les moyens de partir.
Il avait, donc, ouvert une épicerie au village. Avec ce qu’il gagnait il commençait à améliorer un peu leur quotidien, à relevé le niveau de vie de sa famille.
Jusqu ‘au jour ou il a été contacté par le premier noyau de la révolution Mohand Said Ait Messaoud d’Ibouyisfen, l’un des premiers maquisards de la région. A l’époque les membres du groupe se comptaient sur les doigts d’une seule main.
A l’image de feu Colonel Mohand Oulhadj qui avait abandonné un commerce florissant, le seul dans la région, et a rejoint le maquis avec ses trois enfants. Ferhat, aussi, avait abandonné son épicerie du village, commerce pourtant prospère, le seul d’ailleurs dans le village.
Il a rejoint très tôt le maquis, suivi plus tard par ses frères et plusieurs cousins.
Au cours de cette aventure, il était très admiré, principalement par les jeunes du village. Quelques uns voulaient le rejoindre. Il faut savoir qu’à l’époque, pour rejoindre les rangs de l’organisation, NIDHAM comme on disait, il fallait gagner son arme sur le dos des soldats français, ou être recherché pour un délit très grave, passible de prison.
Quelques témoignages:
Il été très affecté par la perte cruelle de son petit cousin (Mohand Ouali, frère de Khaled). Abattu par l’armée coloniale à l’âge de 17 ans.
En effet ce jeune fougueux, exalté, passionné par les activités de son aîné, qu’il adorait et admirait très fort et qu’il voulait rejoindre à tout prix. Ferhat s’était senti responsable de sa mort.
Mohand Ouali a été arrêté avec tous les hommes du village (adolescents et vieillards), suite à une attaque des moudjahidine, d’un convoi militaire à Oukhlil. (Voir témoignage de Mr Claude GrosJaques, officier de la SAS de l’époque à Bouzguène). Tous ont été déportés au camp militaire des Ait Aicha dans la commune d’Idjeur actuelle.
Il s’enfuira de ce camp en emportant avec lui un fusil mitrailleur, qu’il pouvait à peine porter sur ses épaules. Les militaires, en représailles, étaient venus au village incendié leur maison, avec tous les effets personnels de sa famille, sa mère, sa sœur et son très jeune frère étaient jetés à la rue, heureusement recueillis par des parents.
Quand Ferhat a appris la nouvelle, fou de rage, ne pouvant contenir sa douleur, il a failli manquer à ses devoirs militaires. Il avait eu quelques démêlés avec sa hiérarchie. Grâce à sa vaillance et à sa bravoure, il avait repris, très vite, du galon.
Il y avait aussi son cousin Lakhdar, lui aussi abattu avec ses compagnons dans une casemate, celle-ci avait était aménagée, suite à la découverte du refuge du village qui avait servi de PC de la Wilaya III historique pendant la sinistre opération jumelles (Voir témoignage de Mr Salah Mekacher). Les militaires ayant cernait l’abri, donné ordre de sortir les mains sur la tête, Lakhdar et ses compagnons ne voulaient pas se rendre, les soldats ont jeté alors une grenade à l’intérieur qui les a déchiquetés, a lieu dit Wekhlil. Une stèle est érigée à cet endroit qu’on peut apercevoir de la route d’Azaghar.
Quant à son neveu Mahmoud, lui et trois jeunes du village, ont été assassiné par l’armée coloniale et jeté au font d’un puits ou ils reposent encore aujourd’hui. Ces jeunes aussi ont été pris au village suite à une dénonciation, emmenés au camp militaire, la terrible SAS de Bouzguène, après plusieurs jours de torture, ne pouvant rien tirer de leur aveu, ils étaient tous abattus et jetés au fond d’un puits
En tant que militaire de l’ALN, il était armé et en tenue officielle de notre armée de libération nationale, Les soldats l’avaient transporté sur un mulet, pour le déposer sur la place du village et on avait fait sortir tous les villageois pour l’identification. Tous faisaient semblant de ne pas le reconnaître et se sont abstenu de se manifester. La douleur et le chagrin étaient trop forts, sa famille avait éclaté en sanglots et les youyous (cris de joie lors des fêtes mais cris de douleur lors des épreuves) fusaient de partout. On pouvait difficilement ramener le calme.
Comment ne pas le reconnaître ! Il avait une excroissance sur la main, un sixième doigt, que portait, d’ailleurs aussi, son seul et unique fils, Djaffar, qu’on était obligé d’amputer pour évité que les soldats français ne le reconnaisse.
Avant de partir, les militaires lui ont rendu les honneurs. Contrairement aux Moussebline (hors la loi, comme ils disaient à l’époque), qu’ils laissaient sur place quand ils les abattaient, les militaires de l’ALN, ils les ramenaient avec eux et prenaient leurs armes et leurs tenues. Le chef militaire avait ordonné, donc, qu’on le déshabille pour qu’ils prennent sa tenue, le laissant ainsi nu sur la place du village. Ce qui était inadmissible et intolérable, on ne pouvait le permettre.
Ne voulant pas qu’on inflige une telle humiliation à ce grand homme, bravant tous les risques, un grand sage du village (Arab Ait Hend Ouamar) et un autre, lui servant d’interprète (Bessai ait Oubessai) ont défié le Chef militaire pour qu’il ne le déshabille pas et lui ont promis de restituer la tenue le lendemain, après l’enterrement.
Malheureusement pour eux, des personnes malveillantes avaient informé les Moudjahidine de la région, tout en déformant la réalité et les présentant comme des traîtres, ayant négocié avec l’ennemi. Quelques jours après, un groupe de moudjahidine (chargé des basses besognes) étaient venu les chercher pour, bien sur, qu’ils répondent de leurs actes. Il faut savoir qu’à l’époque tout contact avec les soldats français était interdit. De là à négocier avec eux….
Ils n’avaient du leur salut qu’aux résolutions du Congrès de
Il leur avait ordonné de les ramener chez eux à dos de mulets et si par malheur il leur arriverait quoique ça soit, au cours de route, ils répondraient de leur vie.
La suite plus tard.
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