jeudi 25 juin 2009

Tassadit Ait Ali

Tassadit Ait Ali

Hammouche Tassadit Née Amara, femme de Arab Ait Hammouche.


Une véritable sage femme

et un très bon pédiatre.


Les gens qui l'avaient côtoyés disent que c'était une grande dame, une vraie maîtresse de maison


Elle était née au début siècle dernier. Très tôt elle s'intéressait à la détresse des gens, particulièrement les malades et les femmes enceintes. A l'époque, les femmes et les hommes aussi, souffraient en silence. Il n'existait pas de médecins, ni de pharmacies dans la région, encore moins de sage femme ou de structures pour accueillir les femmes enceintes. Il faudrait se déplacer à Azazga distant d'une trentaine de kilomètres, à dos de mulet, ce qui n'était pas aisé pour un malade. Quand à la femme enceinte il ne faut même pas y penser. Le médecin d'Azazga ne se déplaçait pas pour n'importe qui, car il faut le ramener à dos de mulet et ses honoraires n'étaient pas à la portée de tous.

L'assistance aux femmes en couche était assurée tant bien que mal, par Tawachir, femme de Hadj Mohand Said. A sa disparition, le travail sera repris par Tassadit Ait Ali et un peu plus tard et dans une moindre mesure par Wardia Lhadj Boudjemaâ, femme Tahar Oulhadj.

On peut avancer, sans se tromper, que tout ceux qui étaient nés, au village et dans la plupart des villages environnants, peu avant les années cinquante jusqu'à l'année 1968 ou elle était décédée, lui doivent la vie. Elle nous avait tous, coupé le cordon ombilical.

Il faut savoir que quand il y a une complication lors d'un l'accouchement, la femme risquait impérativement, avec son enfant, de passer. Mais avec Nana Tassadit rien à craindre, elle sait s'y prendre. Aucun accouchement ne la rebute. Elle arrivait toujours à s'en sortir avec brio. Le problème venait après, par manque de prise en charge médicale ou alimentaire de la malade. C'est surtout toutes les infections et les épidémies qui guettaient les nourrissants et leurs mères. Ils mouraient rarement à la naissance mais bien plus tard, faute de vaccins et de soins. Rares sont les femmes qui sauvegardaient toute leur progéniture, elles perdaient toujours un ou plusieurs enfants avant l'adolescence.


D'ailleurs le village réservait un coin du cimetière aux enfants. Ils en mouraient autant qu'ils en restaient en vie. Mais depuis une trentaine d'années, il n'y a presque plus d'enfants qui décèdent à telle point que ce petit coin des enfants est utilisé, maintenant que le cimetière est plein, pour les adultes.

Les Ait Hammouche et particulièrement la Famille de Nana Tassadit était très aisée et ne manquait de rien, malgré l'état d'indigence qui caractérisait la société à l'époque, il y'avait eu les guerres, la famine et les épidémies. Peu de gens mangeaient à la fin.

Très généreuse, elle n'attendant rein en contrepartie de son travail, elle était désintéressée et charitable. Au retour chez elle, après avoir accomplit son devoir et suivant l'état du dénouement de la famille, elle n'hésitait pas à envoyer quelques nourritures et quelques fragments de tissu pour soulager un tant soit peu les nécessiteux.


Elle ne laissait jamais, l'enfant et la maman, livrer à leur sort. Elle continuait, bien entendu, à les suivre régulièrement et à prodiguer des conseils pour les nouvelles mamans. Elle revenait très souvent emmailloter et « huiler » les nourrissants.

Anecdotes :

Une foi on avait ramené un médecin français d'Azazaga, pour un accouchement très délicat. Voyant qu'il ne pouvait rien faire dans l'immédiat, ni attendre très longtemps car il devait rentrer chez lui, il avait recommandé de laisser la malade tranquille jusqu'à son retour dans quelques jours. A son retour il trouva la malade et son enfant hors de danger. Nana Tassadit était passée par là, il n'en croyait pas ses yeux. Quand il avait su ce qui s'était réellement passé, il était très étonné et émerveillé par ses prouesses, il voulait à tout pris l'emmener avec lui travailler dans son cabinet à Azazga. Mais peine perdu, une bonne musulmane ne travaille pas pour les impies, Iroumyen, encore moins loin de chez elle.

Très affectée par la perte brutale de sa fille aînée, Tassadit elle aussi, décédée suite à un longue maladie et dans des conditions atroces. Elle ne pouvait pas s'en remettre et l'a rejointe moins d'un mois après.

Abdennour.

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Contribution Smail sadaoui

Contribution Smail Sadaoui
Suite à l'hommage rendu à Khalti Tassadit, (Mme Hammouche Arab Née AMARA Tassadit)
Je voudrais par ce complément apporter cette modeste contribution.
J'ai bien connu cette grande dame, elle était la sœur ainée à ma grand- mère Setti Melkheir, C'était une femme noble, sociale, de bon cœur et passionnée par le bien.
Dans ma jeunesse, j'y allais souvent chez elle, Elle recevait tous les gens avec amabilité, le sourire, toujours de bonne humeur, Aucun ne sortait de sa maison sans y être invite à prendre le café, du lait et des figues sèches.
C'était une femme très généreuse, qui passait l'invité avant ses propres enfants, ou belles-filles, C'était une femme de parole, indulgente, clémente et courageuse, La charité était son dada, et elle le faisait avec discrétion et humilité.
À sa manière elle passait dans les maisons des nécessiteux et remettait des présents sans que quiconque ne s'aperçoive, Dans son jeune âge, et avec ses sœurs et sa mère, elles étaient les premières du village à avoir vécu en ville à EL Kseur dans la wilaya de Béjaia vers 1905.
Son père AMARA Ouahand était garde champêtre dans cette ville, et y vivait avec sa famille à EL KSEUR.
Elle n'avait regagné le village qu'après l'âge de 12 ans. Son père comme les autres hommes de l'époque trouvait incorrect d'inscrire les filles à l'école
Elle était accoucheuse rurale (lquibla). D'après les ouï-dire, elle tient cette noble charge de TAWACHIRT (une autre grande dame), Dans un premier temps elle seconda cette dernière. Puis avec l'âge de TAWACHIRT, elle a eu à intervenir seule dès 1949.
Tout le monde évoque avec respect les qualités de son occupation (métier) empreintes d'un savoir faire incomparable. Sa réputation a largement dépassé les limites des villages de la commune. Sa bonté n'a pas d'égale. Lorsqu'elle est appelé a un accouchement, généralement à la fin, après la naissance du nouveau né, on l'a gratifie d'un morceau de viande. Figurez-vous, elle ne le mange jamais (pourtant une denrée très rare à l'époque). Elle ne ramène jamais son morceau de viande chez elle à la maison. Elle le destine toujours au premier qu'elle rencontre sur son chemin de retour chez elle.
Un autre fait marquant à son honneur
Durant la guerre d'indépendance SADAOUI MOHAND AMEZIANE vivant alors à ORAN avait été expulsé de cette ville en pleine guerre par les forces coloniales françaises pour activités militantes et subversives. Arrivé au village avec sa nombreuse famille, sa maison se trouvant dans la limite de la zone interdite n'a pas ou aller. Au préalable celui-ci était précède de son dossier au camp militaire et au chef de la SAS .instructions étaient données de le surveiller de prés, considéré comme élément dangereux. SADAOUI MOHAND AMEZIANE était fui de tous, par la peur des militaires français. Même des siens de sa famille au village n'ont pas réagi à sa détresse. Khalti TASSADIT d'un geste d'une qualité morale sans égale, et avec un courrage qui n'a pas d'exemple l'invita chez elle avec tous ses enfants. Il y passa chez elle des mois nourri et loge avec sa nombreuse famille
A la fin de sa vie, souffrante de la vésicule biliaire ; et sachant qu'elle allait être opérée. Elle a tenue avant son hospitalisation à se rendre à Sétif, rendre visite à sa sœur Melkheir pour un rituel pardon réciproque. Aussi lors de son départ du village vers Alger aux fins d 'hospitalisation, et sachant son heure arrivée ; elle embrassa tout le monde sur son passage, non sans oublier de demander pardon à tous. Les gens la réconfortaient, lui souhaitaient un prompt rétablissement ; mais elle répondait toujours qu'elle n'y reviendrait pas.
Effectivement à la fin de l'opération, bien que réussie, son cœur a lâché. Dans la soirée après son enterrement au crépuscule, nombreux sont ceux qui ont constate de visu des essaims d'oiseaux survolant à plusieurs reprises sa tombe. Ce ne serait surement que des anges qui l'accueillirent dans le vaste paradis.
repose en paix Khalti Tassadit. Tu as marque ton village par ton amabilité et ta gentillesse. Tu es dans nos cœur et nos esprits, personne ne peux t'oublier.
Smail

1 commentaire:

Smail a dit…

Bonjour Abdenour,

Je voudrais par ces mots te témoigner de toute mon estime et reconnaissance pour le travail que tu fais

En effet rendre hommage à nos illustres vieux du village (que dieu ait leurs âmes),

c’est saluer leurs mémoires, les honorer et les garder dans nos souvenirs.

Par leurs empreintes, chacun à sa manière a façonné et traçé l’histoire du village

Ce sont des générations qui y ont tout donné et tant souffert pour édifier et cimenter la communauté actuelle ; et pour aussi que nous puissions vivre aujourd’hui libre dans la dignité

Je vous encourage toi et les autres à creuser davantage pour ressouvenir et évoquer les autres (hommes et femmes) qui y ont marqués de leurs empreintes les annales d’Ait-Saïd

Car ils méritent estime déférence, égards , pour que leurs mémoires y soient présentes parmi nous

Ton travail éclaire aussi notre jeunesse du chemin parcouru par leurs ancêtres et ascendants ; qui étaient majestueux malgré les privations auxquelles ils y étaient soumis

Leurs exemples stimuleront nos jeunes à se surpasser pour porter haut le flambeau de notre cher village

smail