mardi 23 décembre 2008

Omar Ait Hammouche

Sur Liberté du mardi 02 Août  2005

L’Algérie profonde:  Aït Saïd (Bouzeguène) 

Un village en pleine mutation 

C’est, aujourd’hui, bien prouvé que les villageois qui prennent la décision de se prendre réellement en charge parviennent assurément à réaliser leur rêve, celui de sortir de la situation figée du sous-développement.
Contrairement à certains villages de la commune qui pataugent dans d’innombrables problèmes à la fois sociaux et organisationnels, celui de Aït Saïd, dans la commune de Bouzeguène, semble amorcer une courbe ascendante dans la voie du développement de la cité.
Grâce à la bonne volonté de la jeunesse et des sages regroupés autour du comité de village, l’un des rares à être agréé au niveau de la commune de Aït Saïd fonctionne comme une machine bien huilée. M. Omar Hammouche, président du comité de village, nous a dressé un tableau fort élogieux des affaires et projets de la cité.
M. Hammouche ne déroge pas aux traditions séculaires de gestion qui assurent la prise en charge citoyenne des affaires de la cité en recourant au droit coutumier élaboré en tenant compte, sur la base du consensus, des spécificités sociales locales.
Ainsi, le comité qui aura au préalable identifié tous les besoins du village devra soumettre à l’approbation de l’assemblé générale tous les projets jugés utiles à la collectivité villageoise. Après cela, on classera par ordre de priorité les besoins puis décider de la manière à entreprendre pour leur réalisation. Les moyens financiers du village proviennent, comme tous les autres villages, des cotisations et des dons des villageois. Ceux qui ne peuvent pas payer peuvent être exemptés ou compenser cela par le travail, c’est la règle générale.
Parmi les projets inscrits, le plus important de l’heure est celui de l’ouverture de routes à travers le village, une sorte de ceinture pour désenclaver certaines habitations et propriétés privées. Nul ne peut s’opposer au projet au risque de se voir excommunié. Environ trois kilomètres de route ont été réalisés, vers les terres agricoles, du côté de Tazrouts et, du côté est, vers Tizouine. Ainsi, d’ici peu, on peut rallier ce dernier village en 5 minutes et cela sans passer par le chef-lieu.
L’opération sablage, quant à elle, a touché environ 1,5 km. Des ouvrages provisoires ont été réalisés ainsi que les voies d’écoulement des eaux pluviales. Mieux encore, puisque un autre projet d’élargissement est envisagé mais ce dernier est soumis à l’aval des services agricoles. Une option qui sous-entend des subventions des pouvoirs publics.
Un stade pour les jeunes
La jeunesse du village, la force vive de la cité a aussi bénéficié d’un projet de réalisation d’un stade. En fait, c’est l’ancien terrain situé au lieudit Djerrah qui bénéficie de travaux d’élargissement, de drainage, de grillage et de pose de tuf.
L’enveloppe financière ne permet pas, selon le président du comité du village, de réaliser des vestiaires, mais rassure qu’ils (les vestiaires) feront l’objet d’une subvention supplémentaire. Il faut rappeler que les travaux ne sont rendus possibles que grâce à la subvention de la DJS de Tizi Ouzou, estimée à 450 millions de centimes (deux tranches de 300 et 150 millions).
Une maison de jeunes
Voilà un projet que rares sont les villages de la daïra qui l’ont inscrit dans leurs programmes.
C’est une voie de “survie” de la jeunesse, une échappatoire pour prémunir les maux sociaux qui rongent les jeunes dans une très grande proportion.
M. Hammouche, sans nous le révéler, nous parle d’un bon budget mais nous informe que pas moins de 80 millions sont réservés uniquement à l’équipement (meubles, micro-ordinateurs, livres, matériels de jeux, etc.).
Assainissement AEP
Les prévisions du villages en matière d’assainissement d’alimentation en eau potable (AEP) sont également très ambitieuses. Le projet d’extension de l’assainissement est inscrit aux PCD de l’APC, puisque de riches techniques ont été élaborées ; reste le problème crucial du lieu de déversement des eaux usées, car il concerne pas moins de quatre villages (Aït Ikène, Ibekarène, Ibouyisfène et Aït Saïd).
Concernant l’AEP, un projet de renouvellement d’un tronçon de 4 km à partir de la source Thibhirine Gueghzer, éloignée du village d’environ 14 km. L’ancienne conduite date de 1970. Les services hydrauliques de Bouzeguène devraient procéder à l’étude du projet.
D’autres projets constituent aussi le souci des villageois tels l’extension du cimetière de l’énergie électrique avec le changement du transformateur (peu puissant). Le dispensaire du village devrait bénéficier de travaux de réparation des dégâts qui ont été enregistrés lors du dernier séisme. L’affectation d’un médecin permanent est aussi souhaitée. Aït Saïd, c’est aussi le combat historique des villageois durant la guerre de libération. L’on se rappelle que le village a constitué des mois durant le poste de commandement (PC) des combattants de l’ALN et des hommes et femmes ont contribué de manière concrète dans cet épisode historique. Ainsi, une stèle devrait voir le jour pour marquer la mémoire collective et honorer les chouhada. C’est, en tout cas, le souhait de tous les villageois.
À ce rythme, l’ambition prend valeur de défi et le village est résolument engagé dans la dynamique de compter sur soi, convaincus de ses vertus et assurés des résultats.
C. NATH OUKACI


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