lundi 7 juillet 2008

Azouaou Hadj Idir

LE PARCOURS D'UN JUSTE
AZOUAOU Hadj IDIR AT OUGAWA


Selon l’état civil Hadj IDIR AT OUGAWA est né en 1880 à Ait Saïd douar At Idjeur
Fils de Mohamed ben Ahmed et de Rabehi Djouhra bent Amar

Comme les enfants de son age, il a fréquenté l’unique école de la région à Ait Ikhlef, nouvellement construite
A l’issue de son cursus primaire, il est sorti parmi les meilleurs élèves

A l’age de 12 ans (1892), il rejoint son père et son frère Arezki installés à Sétif
Il est inscrit à l’école complémentaire, ensuite le collège colonial (futur lycée Albertini puis Kérouani à l’indépendance), privilège à l’époque, puisqu’il fut l’un des rare indigène en ce moment la à pouvoir y accéder.
Au collège il a côtoyé les futurs notables musulmans de la région ; que furent Ben Mahmoud Ahmed père de l’ex ministre de l’éducation nationale. Benbadis Abdelhamid « futur cheikh Benbadis précurseur des oulémas algériens » plus tard installé à Constantine
Maiza Zerrouk qui fut plus tard proviseur du lycée Kérouani et professeur de Bélaid Abdesslam, Bachir Boumaza, AZOUAOU Hadj Mokrane (son neveu) Benyahia Md Seddik , des frères Kellou,Aouchiche,Benhabylès, Benabid et bien d’autres hommes politiques algériens.
Tout en poursuivant ses études, il se débrouilla pour trouver des petits boulots.
Il gagna si bien sa vie que ses professeurs, jaloux de sa réussite le dissuadèrent d’arrêter ses études et d’entrer dans la vie active. L’esprit français en cette date, étant d’éliminer tout Algérien musulman voudrant percer en études. Il relâcha ainsi ses études à quelques mois de l’examen de brevet élémentaire.
Doté d’une forte intelligence, force de la nature (il racontait qu’il soulevait pour mettre sur une charrette 100 kg de blé d’une seule main).
Blond aux yeux bleus, pour 1, 80 m de taille.
Son frère l’embaucha aux établissements Audureau comme magasinier en 1898.
Par son sérieux, sa franchise et son esprit de meneur d’hommes, il gagna la confiance de ses patrons qui lui confièrent le poste de responsable commercial.
Bien qu’installé à Sétif, il ne perdit pas le contact avec son village. Il fit partie du conseil des sages. Ses fréquents allers-retours au bled, il le fait à pied. En ce temps, il n’existait pas de moyens de locomotion. Quand il s’y rendait, c’est toujours un sac au dos, chargé d’approvisionnements pour les siens.
Le trajet à pieds durait 3 jours. Il ne se reposait que la nuit (parcours de Sétif, Bougaa, Seddouk, Ighzer Amokrane, Chréa, Houra, Ait said)
Participant activement aux affaires du village ; il est le représentant du village pour l’extérieur de par sa culture arabe et française.
Il a été l’un des principaux organisateurs, promoteur et précurseur des projets du village
Ø construction de la mosquée. C’est lui qui a la charge de tout ce qui concerne l’approvisionnement et l’acheminement des matériaux de construction.
Ø construction de la première fontaine publique du village (Abassane elvir)
Ø Il approvisionna le village en tubes de fonte à partir de Bougie.
Ø aménagement de routes et accès, fossés pour prévenir et dévier les eaux diluviennes hors du village afin de prévenir les inondations et glissement de terrain.
Ø construction d’une annexe à la mosquée au cimetière du village (ahmame taourirt) pour la prière sur les morts et lieu de réunion pour la tadjemaa
Ø plusieurs autres travaux d’utilités au village que je ne peux énumérer.


Par ses conseils judicieux, son sens d’organisation, sa sagesse, il était toujours présent avec les membres de la tadjemaat pour trouver des solutions à toutes les questions qui se posaient.
Il participait également avec la tadjemaat Ait Said, pour régler et trancher sur des affaires en difficultés dans les autres villages. Sa personnalité, son sens d’équité, de justice furent remarqués par les membres influents du douar.
C’est ainsi qu’il fut proposé pour les élections d’AMGHAR EL ARCH, ou président de l’assemblée générale des tribus (responsables de 4 à 5 douars) qu’il remporta haut la main (vers les années 1928)
Lui résidant à Sétif, c’est les membres de la tadjemaat de son village qui ont fait campagne, le travail de coulisse et d’alliance avec les autres villages et douars pour assurer son élection.
Il s’acquitta de ses taches avec brio, que les populations de la région le gratifièrent de plusieurs mandats successifs. (Élections par les urnes a bulletin secret)
Le village Ait Saïd sous son impulsion rayonna sur toute la région.
Il est à remarquer que son secrétariat était tenu par ARAB AT ALIOUSSAID ; qui le remplaçait aussi en son absence.
Ce n’est qu’à la mort de ce dernier en janvier 1952, son ami intime, et confident qu’il se retira des affaires de l’assemblée générale des tribus.
Homme de dialogue, intègre, équitable ; il a aidé les pauvres et soutenus les orphelins.
On raconte, qu’il a combattu au risque de sa vie, les excès des autorités coloniales (caids, gardes champêtres, gardes forestiers, administrateurs de commune, préfet etc.
Il a lutté de toute son énergie les dépassements ; et ne permettait à personne d’être lésé, ou blessé. Il rétablissait chacun dans ses droits avec l’administration locale.
Durant la période de crise économique, sociale, de rationnement et de famine (1929-1945) il avait organisé en relation avec la tadjemaat l’approvisionnement des populations locales en blé et orge à partir de Tigzirt.
En outre, il finança l’achat d’un moulin à blé et d’une huilerie moderne pour servir à l’ensemble des populations de la région. Installé au village Ibouyousfène.
Les équipements ont été ramenés de Bougie, installés et mis en marche par ARAB AT ALIOUSSAID
La route goudronnée s’arrêtant à l’époque à Ait Ghobri : il se démena auprès des autorités du département pour continuer le tracé de la route jusqu’à Bouzeguène ; au grand soulagement des populations.
A Sétif, il fut l’un des premiers militants du MTLD de Ferhat Abbas, son ami.
En 1945, il participa à l’organisation de la marche et manifestation pacifique dans la ville.
Cette manifestation fut réprimée par l’armée coloniale et massacra près de 45000 Algériens.
Au déclenchement de la lutte armée (1954) ; à laquelle il participa activement malgré son age. Préjugeant des années difficiles, il entama des le début à la constitution d’un stock de sécurité en vivres aux populations et aux moudjahidine.
Ainsi par l’intermédiaire de Baha à Azazga et Akli Mohand Oulhadj (qui lui a succédé au poste amghar el arch) futur colonel de la wilaya 3 historique ; il dota la région d’un approvisionnement important. Ceci n’a pas échappé à la vigilance du sous-préfet d’Azazga, pour qu’ensuite il opposa un embargo général dès 1957.
A Sétif, il a constitué un réseau de transfert d’armes et de munitions vers la Kabylie, avec le concours de Braham at Braham du village Ibekarène.
En 1957, il a été arrêté et torturé par les militaires français au camp de Takheroubt, sur dénonciation de Caïd. Il lui reprochait ses activités militantes, subversives et son lien de parenté avec le colonel Mohand Ouelhadj. Au capitaine de la SAS qui voulait l’emmener à collaborer :
Il lui proposa de remettre un courrier à Mohand Ouelhadj. Hadj Idir lui rétorqua (au capitaine) qu’étant militaire comme lui, et s’il avait le courage, il irait bien lui-même le lui remettre dans les djebels.
A cette réponse sèche, il fut torturé (séquelles qu’il garda jusqu’à sa mort) et mis au cachot. Il ne dut son salut qu’à l’appel de ses patrons de Sétif qui étaient intervenus auprès du général commandant le secteur de Kabylie pour le relâcher. (La cause, il gérait un portefeuille de créances assez importantes sur des clients ; et que lui seul était au courant)
A Sétif, il était un responsable actif et écouté au sein du FLN. Repéré par les autorités militaires françaises pour ses activités en 1960. Ses patrons sachant qu’il était dans la ligne de mire des militaires, pour y être arrêté plusieurs fois ; et avec leurs complicités (patrons), il dut se réfugier à Bougie jusqu’en 1962.
A l’indépendance, à la nationalisation des propriétaires français ; il fut élu président de comité de gestion des moulins de Sétif. Poste qu’il occupa jusqu’à sa mise à la retraite en 1966.
Il faut dire que la tache n’était pas du tout aisé pour remettre en marche les usines, car les caisses étaient vidées pour l’achat des matières premières , la paye des ouvriers, et le matériel usé. Malgré cela, il a remis en marche l’appareil productif et assuré l’approvisionnement des populations en semoules et farines.
Il fut en outre membre de plusieurs associations caritatives, et de bienfaisances
Il s y consacra à aider les pauvres et le démunis.
Durant les dernières années de sa vie ; il tenait tant à assister au mariage de son petit fils Smail qu’il avait élevé. N’ayant pas eu de descendance male, il tenait à lui choisir épouse et faire la fête de sa vie. Il organisa une grandiose cérémonie à Sétif en juillet 1967 à laquelle il avait convié toute la ville de Sétif. Une seconde fête était organisée un mois plus tard au village Ait Saïd.
Dieu lui prêta vie jusqu’à la naissance d’un arrière petit fils. Ce qui le rendit très heureux et combla sa vie.
En 1969, il entama sans informer les siens des formalités à l’obtention d’un passeport pour le pèlerinage à la Mecque ; de peur de le dissuader de renoncer à son projet, vu son age avancé, et la fatigue qu’il ressentait à cette période.
Il l’obtient après un difficile parcours une place au pèlerinage ; les médecins lui ont délivré difficilement le certificat médical
A la Mecque, il avait accompli tout le rituel complet de son pèlerinage. Après le sacrifice d’Ibrahim (mouton à sacrifier), il se rendit à la mosquée pour la prière de Elaaser. Il rendit l’âme en prière le front au sol ; à l’intérieur de la grande mosquée. C’était le jour de l’Aïd El Kabîr.
Il a été enterré au mont Djebel Arafat le 17 février 1969 à l’age de 89 ans. Parmi les saints et les compagnons du prophète QSSL.
Au retour de ses accompagnateurs de pèlerinage ; ceux-ci informèrent sa famille que depuis Sétif au moment ou il avait préparé son départ ; et durant son pèlerinage il ne cessait d’implorer dieu le tout puissant de finir ses jours enterré en terre sainte
Dieu a exaucé ses vœux. Lui qui n’a consacré sa vie qu’au bien.

Son petit fils SMAIL


Sa fille FERROUDJA
Née le 24. 03. 1933 à Ait Saïd
Décédée le 07. 07 1963 à Ait Saïd
Des suites des traumatismes de tortures qu’elle a subie durant la guerre d’indépendance


Sa femme Née AMARA Melkheir Née le 19. 02. 1989 à Ait Saïd
Décédée le 13. 12. 1979 à Sétif

1 commentaire:

sadabd a dit…

Je voudrez vous remercier pour le travail que vous faites.